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dimanche, septembre 06, 2015

BILAN - PARTI LIBÉRAL Un pari audacieux

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5 septembre 2015 |Hélène Buzzetti | Canada
Le chef du Parti libéral du Canada, Justin Trudeau
Photo: John Woods La Presse Canadienne
Le chef du Parti libéral du Canada, Justin Trudeau
Ce texte fait partie de notre section Perspectives.
La campagne électorale fédérale en cours, la plus longue de l’histoire canadienne récente, a maintes fois été comparée à un marathon. Si cette analogie devait être prise au pied de la lettre, alors les politiciens dans la course en seraient aujourd’hui au kilomètre 19, presque à mi-parcours. Bien que ces cinq premières semaines de campagne se soient déroulées dans une relative indifférence, les électeurs étant encore trop accaparés par leurs projets de vacances et de BBQ, elles n’ont pas été sans événement. Au contraire. Les promesses ont plu, les milliards ont valsé et les positions se sont campées. Le Devoir propose un survol de ce que chacune des principales formations a proposé depuis le 2 août dernier.
 
Le pari le plus audacieux pris à ce jour est certes celui de Justin Trudeau, qui promet encore trois ans de déficit de moins de 10 milliards de dollars chacun afin de financer ses promesses ambitieuses.
 
La plus coûteuse faite jusqu’à présent, tous partis confondus, est celle de consacrer pas moins de 60 milliards de dollars de plus pour la réfection d’infrastructures d’ici 10 ans — ou 17,4 milliards pendant un premier mandat de quatre ans.
 
Pour sa part, la refonte de l’aide versée aux parents d’enfants mineurs coûterait au net, après y avoir affecté les sommes récupérées de l’abolition du fractionnement du revenu, 2 milliards par an. M. Trudeau critique la prestation universelle pour la garde d’enfants (PUGE) bonifiée parce que les conservateurs la versent à tous les parents, même aux« millionnaires, juste parce qu’ils s’adonnent à avoir des enfants ». Il l’abolirait, de même que toutes les prestations familiales existantes, pour les remplacer par un seul chèque non imposable inversement proportionnel aux revenus des parents. Le montant de départ serait de 6400 $ par enfant de moins de six ans et de 5400 $ pour les autres et serait nul au-delà d’un revenu familial de 200 000 $.
 
Autre mesure coûteuse : l’amélioration du système scolaire autochtone, à laquelle M. Trudeau consacrerait 3,3 milliards en quatre ans.
 
Les libéraux promettent de consacrer 300 millions par année pour le développement de technologies vertes. Une somme équivalente est prévue pour les vétérans afin, entre autres, de restaurer les pensions à vie pour les blessés et de payer à ceux qui le désirent quatre années d’études pour réorienter leur carrière.
 
M. Trudeau entend aussi remanier la fiscalité à la Robin des Bois. Le taux d’imposition des revenus d’entre 45 000 et 89 000 $ passerait de 22 à 20,5 % (pour une économie maximale de 670 $ par an), tandis que le taux pour les revenus de 200 000 $ et plus passerait de 29 à 33 %. Comme il s’agirait d’un déplacement de l’assiette fiscale de 3 milliards, cela serait à coût nul pour Ottawa.
 
Justin Trudeau a aussi proposé de rendre plus flexibles les congés de compassion et les congés parentaux (sauf au Québec, qui a son propre régime). Les parents auraient le choix de segmenter et étaler leurs 12 mois de congé sur une période de 18 mois ou de rester à la maison pendant un an et demi avec des prestations moins généreuses. Les congés de compassion, pour leur part, ne seraient plus conditionnels à ce que la personne à soigner soit à six mois de la mort, comme à l’heure actuelle. Les six semaines de congé pourraient elles aussi être segmentées et étalées.
 
Justin Trudeau entend aussi obliger les employeurs à répondre formellement à un employé qui réclame des horaires flexibles ou de faire du télétravail.
 
Enfin, les libéraux s’engagent à ce qu’il n’y ait pas de péage sur le nouveau pont Champlain.