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mercredi, août 26, 2015

Visite de l'UPAC chez Hydro-Québec

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EXCLUSIF
Publié le 26 août 2015 à 05h00 | Mis à jour à 08h09
On dénombre chez Hydro-Québec un total de cinq... (PHOTO BERNARD BRAULT, LA PRESSE)
PHOTO BERNARD BRAULT, LA PRESSE

On dénombre chez Hydro-Québec un total de cinq surintendants généraux, appartenant tous à la division Équipement et services partagés.

André Dubuc
ANDRÉ DUBUC
La Presse
La police anticorruption est intervenue auprès de la société d'État Hydro-Québec en début d'année, a appris La Presse. Un surintendant général a été rétrogradé et ne peut plus accorder de contrats, mais aucune accusation ne sera portée contre lui.
D'après nos renseignements, cet employé d'Hydro-Québec était visé par les enquêteurs de l'Unité permanente anticorruption (UPAC) qui ont visité les bureaux d'Hydro-Québec Équipement et services partagés à Place Dupuis, au 855, rue Sainte-Catherine Est. L'employé au coeur de l'enquête a d'ailleurs été suspendu sans solde de mars à la fin de juin, a-t-on su.
Un surintendant général planifie, organise le travail et gère des employés et des entrepreneurs. On dénombre 15 surintendants chez Hydro, dont 5 surintendants généraux, tous à la division Équipement et services partagés, qui est la division construction chez Hydro.
Le nom du surintendant général en question apparaissait sur la licence de constructeur-propriétaire de la Régie du bâtiment du Québec au début du mois d'août avec ceux de cinq autres personnes, dont Réal Laporte, président d'HQ Équipement et services partagés. Le 24 août, son nom n'y était plus.
«Nos enquêteurs sont allés chez Hydro-Québec en mai. Ils y ont rencontré des gens», confirme la porte-parole de l'UPAC Anne-Frédérick Laurence.
Toutefois, au terme de l'enquête interne d'Hydro-Québec, les deux parties, Hydro et l'UPAC, ont convenu de ne pas soumettre le dossier au procureur général de la province puisqu'il n'y a pas eu de malversation, mais seulement un manquement éthique concernant un fournisseur, indique une source proche d'Hydro-Québec.
Une malversation implique une sortie d'argent, un détournement d'argent, explique cette même personne. Par manquement éthique, on entend plutôt un abus de confiance.
L'employé a donc pu réintégrer les rangs d'Hydro-Québec avec salaire, mais il a été rétrogradé. Il ne peut plus accorder de contrats, assure notre informateur.
«Pour le moment, je n'ai pas grand-chose à dire», a fait savoir celui-ci quand nous l'avons joint par téléphone à son nouveau lieu de travail chez Hydro-Québec, à Laval.
Vérification indépendante
Quant à l'entreprise concernée, elle a signé un pacte d'intégrité avec Hydro. En vertu de ce pacte, elle se soumet à une vérification indépendante de ses livres, qui est toujours en cours, nous a-t-on confié. Pendant le processus, l'entreprise ne peut pas soumissionner auprès d'Hydro-Québec.
À noter que c'est l'UPAC, et non pas Hydro, qui est à l'origine de l'enquête. Une fois informée par la police anticorruption, Hydro a déclenché le processus d'enquête interne.
Du côté de la société d'État qui a le monopole de la distribution d'électricité, on mentionne collaborer pleinement avec l'UPAC.
«Lorsque les informations ont été portées à l'attention d'Hydro-Québec, une enquête a été menée par l'entreprise, et les résultats ont été présentés à l'UPAC, souligne Marie-Elaine Deveault, attachée de presse chez Hydro. Aucune accusation n'a été portée. Par ailleurs, comme il s'agissait de manquements éthiques, des mesures disciplinaires rigoureuses ont été prises. Hydro-Québec n'a pas payé ni assumé aucuns frais pour des travaux qui auraient été réalisés chez un particulier.»
Un deuxième cas connu en quelques mois
Le surintendant général rétrogradé n'est pas le premier employé d'Hydro-Québec à qui l'on reproche son manque d'éthique. Denis Hervieux, cadre de la société d'État, a été congédié en décembre 2014. Il s'était notamment fait payer un stationnement pour sa Porsche, et sa fille avait obtenu un emploi d'un fournisseur, selon ce qu'a rapporté Le Journal de Montréal.
À l'époque, le ministre Pierre Arcand avait exprimé sa confiance dans les mesures de vérification mises en place par la société d'État. «Il y a beaucoup de contrôleurs à Hydro-Québec, ne vous en faites pas», avait-il insisté.
Dans son bilan de fin d'année en décembre dernier, le patron de l'UPAC Robert Lafrenière avait indiqué aux médias que son équipe enquêtait chez Hydro et que la société d'État faisait même partie de ses quatre grandes priorités en 2015, au même titre que les contrats des municipalités, les grands chantiers routiers et les dossiers informatiques.
Hydro-Québec échange constamment avec l'UPAC sur une multitude de sujets, dit-on à l'interne chez Hydro-Québec. Il a été impossible de savoir quel est le nombre d'enquêtes en cours.