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7 août 2015 16h17 | Mélanie Marquis - La Presse canadienne à Ottawa | Canada
7 août 2015 16h17 | Mélanie Marquis - La Presse canadienne à Ottawa | Canada
Photo: Graham Hugues La Presse canadienne |
Gilles Duceppe fulminait, vendredi, au lendemain d’un débat des chefs auquel il n’a pas été invité et au cours duquel la clarté référendaire fut au coeur des échanges.
« J’ai trouvé ça surréaliste », a laissé tomber le chef du Bloc québécois en entrevue avec La Presse canadienne.
Il peine à réconcilier le fait que les partis fédéralistes martèlent que l’enjeu de la souveraineté n’intéresse plus personne, mais que leurs chefs y aient consacré une importante portion d’un débat en anglais organisé par Maclean’s, jeudi soir.
« Ces gens-là, que j’appelle le Bloc canadien, n’arrêtent pas de dire que les Québécois ne sont plus intéressés par ça, ils m’excluent du débat et ils prennent une demi-heure pour parler comment les Québécois devront décider et quelles règles ils vont nous imposer », a poursuivi M. Duceppe.
Débattre de clarté référendaire en l’absence de la seule formation indépendantiste constitue un manque flagrant de respect envers les Québécois, a dénoncé le leader bloquiste à l’autre bout du fil depuis la Gaspésie avant de prendre le chemin en direction de Montréal.
L’enjeu a provoqué des flammèches sur le plateau alors que le chef du Parti libéral du Canada (PLC), Justin Trudeau, a accusé son rival néodémocrate Thomas Mulcair de diriger un parti qui menace l’unité nationale en raison de sa position sur la clarté référendaire.
Le Nouveau Parti démocratique (NPD) a adopté en 2005 la Déclaration de Sherbrooke, endossant ainsi notamment le principe voulant qu’Ottawa reconnaisse un référendum gagnant au Québec avec une majorité simple (50 % plus un vote) en faveur de la souveraineté.
Cette position va à l’encontre de la Loi sur la clarté référendaire adoptée en 2000 par le gouvernement de Jean Chrétien, en réaction à l’avis de la Cour suprême du Canada paru en 1998 et prônant l’exigence d’une « majorité claire », sans toutefois la définir.
M. Mulcair a répliqué avec une profession de foi fédéraliste, disant s’être « battu pour le Canada » depuis des décennies et accusant M. Trudeau d’être le seul, avec M. Duceppe, de tenir à rouvrir le débat sur la souveraineté.
Le chef du NPD est ensuite revenu à la charge en demandant à son opposant avec quel pourcentage Ottawa devrait reconnaître un référendum gagnant. En vain : le leader libéral s’est borné à répondre « neuf » en faisant référence au nombre de juges de la Cour suprême du Canada.
Cette prise de bec met la table en prévision du seul débat en français qui a été confirmé jusqu’à présent, pour lequel M. Duceppe a reçu un carton d’invitation.
Sans vouloir dévoiler quelle sera la stratégie qu’il compte déployer lors du face-à-face TVA, qui se tiendra dans près de deux mois, soit le 2 octobre, le chef du Bloc dit être impatient d’en découdre avec ses adversaires.
De passage à Peterborough, en Ontario, Thomas Mulcair a refusé de commenter la réaction de Gilles Duceppe, sauf pour plaider que cette situation illustre que les organisateurs des débats auraient tout avantage à inviter l’ensemble des partis représentés aux Communes.
« Je veux que les autres chefs soient présents. Elizabeth May [la leader du Parti vert du Canada] a enrichi le débat d’hier soir, selon moi », a-t-il illustré.