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lundi, mai 18, 2015

Les 5 défis de PKP

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Joseph Facal
Dans le lexique politique québécois, l’expression «les vraies affaires» est utilisée par les crétins qui pensent qu’un parti politique doit seulement s’occuper de bouts de route et de lits d’hôpital.
Très bien, alors nous dirons que, pour M. Péladeau et le PQ, les «affaires sérieuses» commencent dès demain.
Maintenant qu’il a obtenu le mandat fort qu’il souhaitait, cinq défis l’attendent.
Contenu
Le premier défi sera de mettre progressivement de la chair sur sa vision des choses.
Dans une course gagnée d’avance, il était normal qu’il n’en dise pas plus que ce qui était nécessaire pour parvenir sans encombre jusqu’au fil d’arrivée. Pourquoi prendre des coups inutiles alors que les vrais coups arriveront bien assez vite, gracieuseté des trois autres partis?
Quand il avancera des idées, voudra-t-il imprimer sa marque au parti, donc le faire évoluer, ou endossera-t-il plutôt les positions traditionnelles du PQ?
Parti de rien en termes d’expérience politique, M. Péladeau a gagné en aisance tout au long de la campagne
Un peu des deux sans doute. Reprendre toutes les positions traditionnelles du PQ amoindrirait l’effet de nouveauté et les chances d’aller chercher de nouvelles clientèles. Transformer complètement le PQ, c’est courir le risque que certains ne s’y reconnaissent plus.
Cet équilibrisme ne sera pas simple. Mais les congrès servent justement à cela.
Le second défi sera de ramener au PQ les souverainistes partis ailleurs. Ces derniers sont moins chez Québec solidaire ou à Option nationale que chez eux, déçus, découragés, résignés. L’appel à l’unité lancé par M. Péladeau vendredi soir fut son meilleur discours de la campagne.
Le troisième défi sera la position adoptée sur la question référendaire.
M. Péladeau a traversé la campagne en disant qu’il ne ferait pas de stratégie en public. C’était compréhensible dans le cadre d’une course au leadership.
L’élection de 2014 a montré cependant que le flou permet aux libéraux de faire croire que le PQ prépare un référendum en catimini. Aussi invraisemblable que cela puisse sembler, il y a des gens assez naïfs pour croire qu’on peut préparer une telle affaire sans que ça paraisse.
Bref, il faut que les Québécois sachent, au moment où ils votent pour choisir un gouvernement, si leur vote leur achète également un référendum ou pas.
Expérience
Le quatrième défi de M. Péladeau sera de sortir aussi indemne que possible de la sympathique petite fête d’accueil que le gouvernement Couillard lui a préparé.
Dans deux semaines, la commission parlementaire des Institutions débutera ses travaux sur la question de la conciliation entre l’engagement politique et le contrôle d’un groupe de presse.
Les élections partielles dans Jean-Talon et Chauveau, qui ne sont pas des circonscriptions faciles pour le PQ, ont été fixées au 8 juin par le gouvernement, précisément pour faire débuter le règne de M. Péladeau par deux défaites.
Le cinquième et dernier défi sera de poursuivre en accéléré son apprentissage de chef. Parti de rien en termes d’expérience politique, M. Péladeau a gagné en aisance tout au long de la campagne. Mais ce n’est pas terminé. Dans un régime politique où c’est le chef de l’opposition qui, jour après jour, mène la charge au parlement, c’est un apprentissage qui se fait largement au vu et au su de tous.