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vendredi, mai 15, 2015

Hydro égorge ses otages

http://www.journaldemontreal.com/

Jean-Jacques Samson
Les consommateurs québécois, otages d’Hydro-Québec, sont abandonnés à eux-mêmes.
Si la protection des consommateurs était encore une priorité gouvernementale comme dans les années 1960 et 1970, Hydro-Québec serait la principale délinquante dans la mire d’un tel ministère.
Ses passe-passe sont cependant menés avec la complicité des ministres des Finances et des Ressources naturelles qui engrangent des dividendes de loin supérieurs aux prévisions et aux profits préautorisés par la Régie de l’énergie.
Pour l’exercice financier 2014, le gouvernement avait commandé des dividendes de 2,85 milliards; Hydro lui a remis 3,35 milliards. En 2015, c’est 3,25 milliards qu’Hydro lui a versés, soit 200 M$ de plus qu’espéré par le ministre des Finances.
Il y a 5 ans seulement, l’ancien ministre Raymond Bachand demandait à Hydro-Québec des dividendes de 2,4 milliards «seulement». Hydro-Québec est devenue une intarissable vache à lait pour le gouvernement, par ses hausses de tarifs de loin supérieures à l’inflation, mais aussi par diverses pratiques d’affaires «anti-consommateurs».
Si des naïfs prêtent encore oreille à une possible privatisation, même partielle, qu’ils se réveillent. Le gouvernement ne partagera jamais son pot de lait.
Clients égorgés
- En 2014, 288 000 clients d’Hydro ont dû conclure des ententes de paiement avec la société d’État pour les 683 M$ en factures impayées.
Elle applique un taux d’intérêt, usuraire dans son cas, de 14,4 % sur ses mauvaises créances. Le nombre de clients fautifs débranchés ne cesse évidemment de grimper.
- Hydro-Québec a encaissé des trop-perçus de 1,4 milliard depuis 2008, avec la bénédiction des gouvernements qui les ont empochés. Pour un consommateur, il s’agit d’une surfacturation de 12 %. Le ministre Pierre Arcand, complice, a répété cette semaine que cette pratique se poursuivra jusqu’en 2017.
Chez Hydro-Québec, une consommation plus forte d’électricité en raison d’hivers sibériens, est trompeusement appelée « gain d’efficience » pour dissimuler le « spin » de votre compteur sous une supposée bonne performance de la société.
- Au cours des journées les plus froides de l’hiver 2014, la filiale Hydro-Québec Distribution (celle qui vous alimente et vous facture) a acheté de sa sœur, Hydro-Québec Production, à des prix qui ont atteint jusqu’à 19,79 cents le kilowattheure, de l’électricité produite au coût de 2,01 cents le kilowattheure.
Le Journal, avec le journaliste d’enquête Michel Morin en tête, n’en finit jamais de dévoiler les stratagèmes des prestidigitateurs d’Hydro-Québec pour gonfler votre facture.
Examen parlementaire
Depuis 2006, un aspirant à la Cour suprême est soumis à un «examen parlementaire ». Les députés peuvent l’interroger sur sa philosophie.
Si c’est bon pour la Cour suprême, la prochaine personne proposée par le premier ministre pour le poste de président-directeur général d’Hydro-Québec doit être interrogée en commission parlementaire, à tout le moins sur la nature de la relation entre le pouvoir politique et la direction d’Hydro et sur sa conception de la transparence.
J’en ai bien ri. Je terminais la rédaction de cette chronique. Entre deux paragraphes, je lève les yeux. Un véhicule utilitaire sport d’Hydro-Québec (le 29-502) était stationné devant chez moi. J’ai aussitôt soupçonné mon nouveau compteur intelligent d’espionner mon ordinateur. Hydro est si retorse!