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mercredi, mai 20, 2015

Capitaine Québec contre Docteur Canada

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Capitaine Québec contre Docteur Canada
PHOTO LE JOURNAL DE QUÉBEC, SIMON CLARK

Richard Martineau
Avouez: ça va être l’un des plus grands combats jamais organisés au Québec.
L’entrepreneur multimillionnaire contre le brillant neurochirurgien.
À côté de ce face-à-face, le «combat du siècle» entre Manny Pacquiao et Floyd Mayweather était de la petite bière.
Une soirée de poésie pour amateurs de thé vert.
COMA OU RÉSURRECTION
Les deux pugilistes ont trois ans pour s’entraîner.
Pendant 36 mois, ils vont se tourner autour, s’épier, se lancer des gros mots, se provoquer...
Le 8 juin prochain, dans le cadre des élections partielles de Chaveau et de Jean-Talon, ils vont même lever les poings et se donner quelques mornifles, histoire de mettre le public en appétit.
Entre le volcan et le robot, le geyser et le laser, qui choisir?
Mais c’est au printemps 2018 que tout va se jouer.
Si Couillard gagne, l’option souverainiste sombrera dans un coma profond. Si Péladeau l’emporte, la province fera un pas de géant en direction de l’indépendance.
Quel que soit le résultat, les choses ne seront plus pareilles.
Alors, qui va gagner, selon vous? Capitaine Québec ou Docteur Canada?
Actuellement, le chef du PQ a une (mince) longueur d’avance sur son adversaire. Mais nous nageons en pleine lune de miel. Quand la vie quotidienne reprendra son cours à l’Assemblée nationale et que les syndicats descendront dans la rue cet automne, qui sait de quel côté la balance penchera...
Vers le PLQ, qui osera tenir tête aux manifestants? Ou vers le PQ, qui jouera (discrètement) de la casserole, aux côtés de ses alliés traditionnels?
RAISON, PASSION
La lutte risque d’être d’autant plus serrée que les deux adversaires représentent chacun à leur façon une facette de l’Homo quebecus.
Il y a Pierre Karl Péladeau, un grand défenseur de la culture qui tripe sur l’histoire, le patrimoine, la langue.
Et Philippe Couillard, un chirurgien calme et flegmatique qui manie le scalpel économique avec aplomb.
Le premier est passionné, mais manque de sang-froid. Le second a de l’assurance à revendre, mais manque d’émotion.
Entre le volcan et le robot, le geyser et le laser, qui choisir?
Ça nous ramène au bon vieux temps des duels Lévesque-Bourassa: la grande gueule sympathique et débraillée contre le premier de classe à lunettes.
C’est le vieux dilemme québécois.
On se reconnaît dans le coureur des bois qui défriche la forêt à la hache. Mais aussi dans le fermier qui range soigneusement ses poches de blé dans la remise, histoire de ne pas en manquer cet hiver.
Dans trois ans, que nous le voulions ou pas, nous devrons choisir qui, de ces deux figures emblématiques de notre imaginaire collectif, nous représente le mieux.
STOP OU ENCORE ?
Autre fait qui risque de nous compliquer la vie, le soir des élections: même si les Québécois ne sont pas prêts à se séparer du Canada, ils ne veulent pas enterrer l’option.
C’est le joker qu’ils gardent dans leur jeu, la menace qu’ils peuvent brandir si jamais le fédéral ne se montre pas gentil.
Or, si PKP n’est pas élu dans trois ans, l’option va crever la bouche ouverte. D’un autre côté, s’il gagne, il
va mettre en branle un train à bord duquel on n’est peut-être pas prêt à monter.
Alors, on fait quoi?
Les prochaines années seront passionnantes.